Comment comprendre les mots grecs ‘théon’ et ‘théos’ dans Jean 1.1 ?

Q.: Le mot ‘Dieu’ dans le texte de Jean 1.1 se présente sous deux formes: théon et théos. Comment comprendre la différence entre les deux ? 

R.: En grec, les mots se déclinent, c’est-à-dire qu’ils changent de forme selon leur fonction grammaticale dans le texte. Ainsi, dans le premier cas, le mot ‘théon’ est à l’accusatif, qui est habituellement le cas du complément d’objet direct. Plus précisément, il est ici à l’accusatif parce qu’il est précédé de la préposition ‘avec’ (pros), qui demande l’accusatif lorsqu’elle dénote l’association. Bref, c’est comme répondre à la question: La Parole était avec qui ? La réponse: Dieu. Ensuite, dans le second cas, le mot ‘théos’ est au nominatif parce qu’il a la fonction d’un attribut, c’est-à-dire une qualité attribuée au sujet. Dans la phrase, il y a deux ‘nominatifs,’ ce qui indique que l’un est sujet et l’autre attribut. Le sujet est celui qui est accompagné de l’article défini, donc ‘la’ Parole. Ainsi, Dieu devient ici l’attribut de la Parole: « La Parole était Dieu. » Cette règle explique aussi pourquoi il n’y a pas d’article devant le second mot Dieu: c’est pour le différencier du sujet (la Parole), en tant qu’attribut. La traduction ‘un dieu’ est donc inacceptable grammaticalement parlant (et aussi théologiquement). Finalement, le contexte indique clairement que Jésus est la Parole. Ce passage affirme donc que Jésus était non seulement avec Dieu (le Père, implicite), mais il est également Dieu.

Le mot ‘Elohim’ révèle-t-il la Trinité ?

Q.: Le mot hébreu ‘Elohim’ révèle-t-il réellement la Trinité ? 

R.: C’est une déduction basée sur un élément grammatical. Le mot Elohim en hébreu est au pluriel. Il y a trois nombres du nom en hébreu: le singulier, le duel et le pluriel. Le singulier se réfère à un élément ; le duel, deux ; et le pluriel, par définition grammaticale, se réfère à trois éléments ou plus. C’est ainsi que plusieurs commentateurs (et prédicateurs) concluent que le mot Elohim se réfère à ‘trois personnes,’ et serait donc en lui-même une révélation de la Trinité. Mais les spécialistes de la grammaire hébraïque avertissent de ne pas trop charger le pluriel avec de telles conclusions théologiques. Il a été démontré que des mots ‘pluriels’ en hébreu peuvent se référer à deux éléments seulement, tout comme le duel. Concernant l’aspect pluriel du mot Elohim, l’excellente grammaire hébraïque de Paul Joüon parle plutôt d’un « pluriel de majesté » ou « pluriel d’excellence » (voir Joüon, Paul, and T. Muraoka. A Grammar of Biblical Hebrew. Roma: Pontificio Istituto Biblico, 2006, p.469). Aussi, le pluriel Elohim peut parfois être utilisé dans la Bible dans un sens singulier: dans 1 Rois 11.33, Kemosch est le dieu (Elohé, forme plurielle à l’état construit) de Moab.

Garder le dépôt : Que signifie 2 Timothée 1.11-14 ?

Q.: Dans 2 Timothée 1.12, Paul dit que [Dieu] a la puissance de garder son dépôt. Puis, au verset 14, Paul dit à Timothée de garder le bon dépôt. Paul parle-t-il du même ‘dépôt’ dans ces deux versets ? De quoi s’agit-il ?

R.: Selon le contexte immédiat, le dépôt dont Paul parle (le grec dit simplement ‘mon dépôt’) est lié au fait que Paul a un ministère particulier de prédicateur, d’apôtre, et d’enseignant, qu’il souffre, qu’il n’a pas honte, qu’il connaît parfaitement l’objet de sa foi (la personne de Christ), et qu’il est persuadé au sujet de la puissance de Dieu de garder ce dépôt. Dans ce contexte, il me semble que Paul parle de sa foi et de son service, impliquant les souffrances. Tout cela ne sera pas oublié « en ce jour-là, » une expression clairement liée au retour du Seigneur, surtout le tribunal de Christ. Donc, le dépôt de Paul ici est sa foi et son service fidèle et persévérant, qui seront rappelés et récompensés au tribunal de Christ.

Au verset 14, bien qu’il utilise le même mot, Paul ne parle pas de la même chose. Le contexte du verset précédent (13) indique la nature de ce dépôt: le modèle des saines paroles reçue de Paul, c’est-à-dire la saine doctrine. Timothée devait la retenir et la garder (voir aussi 1 Timothée 6.20 à ce sujet) par la puissance du Saint-Esprit en lui.

Ésaïe 53.4, 5 enseigne-t-il l’Évangile de la guérison ?

Le passage d’Ésaïe 53.4, 5 dit:

« Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs; et nous, nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu, et affligé; mais il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités; le châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris. »

Le verset 4 concerne un aspect du ministère publique de Christ dans la guérison de certaines personnes (et non pas de toutes les personnes malades). Le passage de Matthieu 8.16, 17 confirme l’accomplissement de ce verset: « Et le soir étant venu, on lui apporta beaucoup de démoniaques; et il chassa les esprits par [une] parole, et guérit tous ceux qui se portaient mal; en sorte que fût accompli ce qui a été dit par Ésaïe le prophète, disant: ‘Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies.' »
Le verset 5 concerne l’oeuvre expiatoire de Christ à la croix. La guérison dans ce verset est clairement spirituelle, liée au péché (voir 1 Pierre 2.24).
Ces versets ne soutiennent donc aucunement l’évangile de la guérison physique ou l’évangile de la santé.

La mort du chrétien: un sommeil ou un état conscient auprès du Seigneur ?

Question: Lorsqu’un chrétien meurt, où va-t-il ? Est-il conscient ou plongé dans un sommeil ?

Réponse: Le croyant qui meurt entre immédiatement dans la présence du Seigneur. En effet,  2 Corinthiens 5.8 dit : « Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. » Et être avec Christ, selon Philippiens 1.23, est « de beaucoup le meilleur » pour lui.

Les croyants décédés recevront un corps transformé et éternel à la résurrection (1 Corinthiens 15.51, 52; 1 Thessaloniciens 4.14-16), mais pendant cet intérim (après la mort et avant la résurrection du corps), ils sont dans un état ‘désincarné,’ c’est-à-dire sans corps. Cependant, ils sont parfaitement conscients d’être avec le Seigneur et de jouir de sa présence, ce qui réellement « de beaucoup est le meilleur. »

Parfois, la Bible parle de la mort comme d’un ‘sommeil’ (Jean 11.11-14; 1 Thessaloniens 4.13; 1 Corinthiens 15.20). Cependant, cette métaphore s’applique au corps et non à l’âme. Dans la mort, le corps est vu comme dans un sommeil, étant inactif. Mais l’âme demeure pleinement consciente, comme le démontre clairement l’histoire du mauvais riche et de Lazarre dans Luc 16.19-31.