Faut-il croire ou être « attiré » par Dieu pour être sauvé ?

Q.: Dans Jean 6.44, Jésus dit : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (version Segond NEG). Comment concilier cette parole avec le fait de croire en Christ pour être sauvé ?

R.: Dans l’Évangile selon Jean, certains passages mettent l’accent sur l’importance de la foi personnelle en Christ, c’est-à-dire de croire en lui, pour être sauvé. Par exemple, Jean 1.12 ; 3.18, 36 ; 4.41, 42 ; 12.46 ; 20.29, 31 (voir aussi 5.40). D’autres passages, cependant, soulignent clairement la souveraineté de Dieu et son travail dans le coeur de ceux qui croient, comme c’est le cas dans Jean 6.37, 44, 63-65. Il existe une certaine « tension » entre ces deux vérités car elles semblent être en opposition l’une à l’autre. Quoiqu’il en soit, tout homme a la responsabilité de croire en Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et ceux qui ont cru en lui peuvent se réjouir et remercier Dieu pour leur salut.

Peut-on prier Jésus directement ?

Q.: Le Seigneur Jésus lui-même nous apprend à prier en nous adressant au Père (Luc 11.2). Est-il alors convenable de nous adresser aussi à lui dans la prière ?

R.: Premièrement, le modèle fondamental de prière dans le Nouveau Testament semble être de prier le Père, au nom du Fils, par le Saint-Esprit.* Cependant, nous y trouvons aussi quelques exemples de prières adressées au Fils.

En voici quelques-uns, selon l’ordre des livres néotestamentaires :

Actes 1.24 : « Puis ils firent cette prière: Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi.

Qui est le Seigneur dans cette prière ? Et bien, l’expression ‘tu as choisis’ ici est la même que celle utilisée au verset 2 dans ce même chapitre concernant le choix des apôtres par le Seigneur Jésus : « Jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis. » Cela nous conduit à la conclusion raisonnable que c’est toujours du Seigneur Jésus dont il s’agit.

Actes 7.59 : « Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait: Seigneur Jésus, reçois mon esprit!” Je crois que ce texte ne demande aucune explication.

Romains 10.13 : « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.” Le verset 9 qui précède indique qu’il s’agit encore du Seigneur Jésus ici : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus… » Invoquer le Seigneur est clairement une prière.

1 Corinthiens 16.22 : “Maranatha! » C’est une expression araméenne qui signifie “Notre Seigneur, viens!” C’est une prière, bien que très brève, adressée au Seigneur Jésus concernant son retour.

2 Corinthiens 12.8, 9 : « Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi.” Remarquez ici que le Seigneur auquel Paul s’est adressé a répondu en parlant de sa puissance. Et Paul démontre clairement que c’est de la puissance de Christ qu’il s’agissait. Il est donc clair que c’est le Seigneur Jésus que Paul a prié ici.

La Bible elle-même se termine avec une prière adressée au Fils: « Amen! Viens, Seigneur Jésus!” (Apocalypse 22.20).

Il y a certainement d’autres passages mais il me semble que ceux-ci sont suffisants. L’important c’est d’apprendre à adresser la bonne prière à la bonne Personne. Par exemple, si nous voulons remercier Dieu d’avoir donné sa vie sur la croix, c’est au Fils qu’il faut s’adresser et non au Père. Il s’agit donc d’être cohérent théologiquement.


* À ma connaissance, il n’y a aucun exemple d’une prière adressée au Saint-Esprit.

Les ordres de Jésus au sujet de ses miracles de guérison

Q.: Dans les Évangiles, pourquoi Jésus ordonne-t-il à ceux qu’il guérit de n’en parler à personne ? Jésus ne veut-il pas guérir ?  

R.: Les Écritures elles-mêmes nous donnent deux réponses à cette question.

Premièrement, d’un point de vue purement pratique, Jésus ordonne cela simplement pour éviter une ‘mauvaise publicité’ à son sujet. Un commentateur biblique explique : « Le fait de publier de tels miracles (dont la guérison de la lèpre dans Marc 1.41, 42) pouvait potentiellement nuire à la mission du Christ et détourner l’attention de son message. Marc nous dit que c’est précisément ce qui est arrivé : ‘Mais cet homme, s’en étant allé, se mit à publier ouvertement la chose et à la divulguer, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et l’on venait à lui de toutes parts‘ (Marc 1.45). Dans son exubérance au sujet du miracle dont il venait d’être l’objet, cet homme a désobéi au Seigneur, et cela a eu pour résultat que Christ a dû se déplacer hors de la ville vers les régions désertiques » (John MacArthur, Bible d’étude). Dans les versets précédents, Jésus avait souligné qu’il devait prêcher car c’était pour cela qu’il était sorti (Marc 1.38). Et ses miracles devaient confirmer sa prédication et son identité. Mais après la publication de ses miracles, contrairement à son ordre, pour quelle raison les foules allaient-elles chercher à le voir ? Pour entendre son message ou pour être guéries ?

Deuxièmement, les miracles du Seigneur avaient pour but de confirmer l’identité du Seigneur et d’authentifier son message à travers l’accomplissement des Écritures. C’est ce dont parle Matthieu 12.15-19 : « Une grande foule le suivit. Il guérit tous les malades, et il leur recommanda sévèrement de ne pas le faire connaître, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète : Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé en qui mon âme a pris plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations. Il ne contestera point, il ne criera point, et personne n’entendra sa voix dans les rues » (texte en gras pour souligner). Voyez aussi Matthieu 8.16, 17 : « Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit tous les malades, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités, et il s’est chargé de nos maladies. » Les prophéties d’Ésaïe concernaient clairement le ministère public du Seigneur et elles ont été accomplies.

Attention aux soi-disant évangélistes de la guérison et de la prospérité, qui utilisent de tels textes hors contexte comme prétexte pour justifier leur ‘foi.’ Le Seigneur Jésus n’est pas venu pour guérir, mais pour expier le péché. Ses miracles de guérison devaient servir de témoignage à son identité et non de norme pour la foi chrétienne. Évidemment, Dieu peut guérir qui il veut, quand il veut, en particulier en réponse à nos prières. Cependant, il n’a jamais promis la guérison, et il n’a pas envoyé l’Église pour guérir ni pour promettre la guérison, mais pour rendre témoignage à la vérité.

Dieu permet parfois la santé et peut parfois permettre la maladie. Il utilise souverainement l’un et l’autre dans la vie du croyant.

Ce qui rend l’homme impur devant Dieu

Q.: Dans Marc 7.14-23, Jésus affirme que rien de ce qui entre dans l’homme ne peut le souiller moralement devant Dieu. Pourtant, dans Lévitique 11, l’Éternel lui-même affirme que la consommation de certains animaux peut rendre l’homme impur. Comment concilier ces deux passages ?  

R.: Dans le passage de Marc, Jésus dénonce les traditions religieuses juives de l’époque et particulièrement la théologie qui se trouvait derrière ces traditions. Peu importe les aliments (même ceux qui étaient purs d’un point de vue cérémoniel), le judaïsme enseignait que manger sans se laver les mains rendait la personne impure moralement devant Dieu. Mais Jésus déclare qu’il n’en est rien. Par contre, tout le mal qui vient du coeur rend réellement une personne impure devant Dieu.

Dans Lévitique 11 (comme partout ailleurs dans le contexte de l’Alliance Mosaïque), ce ne sont pas vraiment les animaux eux-mêmes qui rendent la personne impure moralement mais la désobéissance aux clauses de l’Alliance. Ainsi, c’est encore ce qui vient de l’intérieur qui cause la souillure devant Dieu.

Donc, Jésus disait vrai: rien de l’extérieur ne souille l’homme. C’est ce qui vient de l’intérieur, incluant la désobéissance à une Alliance avec Dieu, qui rend l’homme impur moralement.

Comment comprendre les mots grecs ‘théon’ et ‘théos’ dans Jean 1.1 ?

Q.: Le mot ‘Dieu’ dans le texte de Jean 1.1 se présente sous deux formes: théon et théos. Comment comprendre la différence entre les deux ? 

R.: En grec, les mots se déclinent, c’est-à-dire qu’ils changent de forme selon leur fonction grammaticale dans le texte. Ainsi, dans le premier cas, le mot ‘théon’ est à l’accusatif, qui est habituellement le cas du complément d’objet direct. Plus précisément, il est ici à l’accusatif parce qu’il est précédé de la préposition ‘avec’ (pros), qui demande l’accusatif lorsqu’elle dénote l’association. Bref, c’est comme répondre à la question: La Parole était avec qui ? La réponse: Dieu. Ensuite, dans le second cas, le mot ‘théos’ est au nominatif parce qu’il a la fonction d’un attribut, c’est-à-dire une qualité attribuée au sujet. Dans la phrase, il y a deux ‘nominatifs,’ ce qui indique que l’un est sujet et l’autre attribut. Le sujet est celui qui est accompagné de l’article défini, donc ‘la’ Parole. Ainsi, Dieu devient ici l’attribut de la Parole: « La Parole était Dieu. » Cette règle explique aussi pourquoi il n’y a pas d’article devant le second mot Dieu: c’est pour le différencier du sujet (la Parole), en tant qu’attribut. La traduction ‘un dieu’ est donc inacceptable grammaticalement parlant (et aussi théologiquement). Finalement, le contexte indique clairement que Jésus est la Parole. Ce passage affirme donc que Jésus était non seulement avec Dieu (le Père, implicite), mais il est également Dieu.