Comment comprendre les mots grecs ‘théon’ et ‘théos’ dans Jean 1.1 ?

Q.: Le mot ‘Dieu’ dans le texte de Jean 1.1 se présente sous deux formes: théon et théos. Comment comprendre la différence entre les deux ? 

R.: En grec, les mots se déclinent, c’est-à-dire qu’ils changent de forme selon leur fonction grammaticale dans le texte. Ainsi, dans le premier cas, le mot ‘théon’ est à l’accusatif, qui est habituellement le cas du complément d’objet direct. Plus précisément, il est ici à l’accusatif parce qu’il est précédé de la préposition ‘avec’ (pros), qui demande l’accusatif lorsqu’elle dénote l’association. Bref, c’est comme répondre à la question: La Parole était avec qui ? La réponse: Dieu. Ensuite, dans le second cas, le mot ‘théos’ est au nominatif parce qu’il a la fonction d’un attribut, c’est-à-dire une qualité attribuée au sujet. Dans la phrase, il y a deux ‘nominatifs,’ ce qui indique que l’un est sujet et l’autre attribut. Le sujet est celui qui est accompagné de l’article défini, donc ‘la’ Parole. Ainsi, Dieu devient ici l’attribut de la Parole: « La Parole était Dieu. » Cette règle explique aussi pourquoi il n’y a pas d’article devant le second mot Dieu: c’est pour le différencier du sujet (la Parole), en tant qu’attribut. La traduction ‘un dieu’ est donc inacceptable grammaticalement parlant (et aussi théologiquement). Finalement, le contexte indique clairement que Jésus est la Parole. Ce passage affirme donc que Jésus était non seulement avec Dieu (le Père, implicite), mais il est également Dieu.

La Bible est la Parole de Dieu

Q.: Pourquoi appelle-t-on la Bible la « Parole de Dieu » ?

Premièrement, la Bible elle-même emploie l’expression ‘Parole de Dieu’ pour décrire différentes sections de la Bible ou les Écritures en général (Luc 8.11; Romains 9.6; Apocalypse 1.9). Ensuite, les auteurs de la Bible affirment que Dieu nous parle par l’Écriture (Hébreux 12.25-27; Jacques 4.5; 2 Pierre 1.20, 21). Finalement, la Bible elle-même rapporte les paroles directes de Dieu (Genèse 17.3; Hébreux 1.1, 2). 

Les Pères apostoliques (1er et 2e siècles) employaient également cette expression, comme Ignace d’Antioche, dans sa lettre aux Philadelphiens: « […] Philon, le diacre de la Cilicie, un homme de bonne réputation, […] m’assiste même maintenant dans la Parole de Dieu. »*

Les Réformateurs appelaient aussi la Bible ainsi. Jean Calvin a écrit: « Il est stupide d’essayer de prouver à des infidèles que l’Écriture est la Parole de Dieu. Cela ne peut être reconnu sinon que par la foi. »** Et Martin Luther, de son côté, a dit: « les Saintes Écritures […] sont la Parole de Dieu et demeurent éternellement (1 Pierre 1.25). »***

 

* Michael William Holmes, The Apostolic Fathers: Greek Texts and English Translations, Updated ed., Grand Rapids, MI: Baker Books, 1999, p.183.

** John Calvin, Institutes of the Christian Religion, Edinburgh: The Calvin Translation Society, 1845, Vol.1, p.109.

*** Martin Luther, Sermons on the Gospel of St. John: Chapters 1-4, ed. Jaroslav Jan Pelikan, Hilton C. Oswald, and Helmut T. Lehmann, Luther’s Works, vol. 22, Saint Louis: Concordia Publishing House, 1999, p.14.